Profiter en toute sécurité de la nature en période de chasse

Profiter des bienfaits de la nature, se balader en forêt ou sortir des sentiers battus en VTT sont encore les seuls loisirs qui ne sont généralement pas payants. Jeunes et moins jeunes, nous aimons tous, après une longue semaine de travail ou d'étude, loin de la folie et des bruits des villes, nous détendre en observant cet environnement si apaisant. Les bois et les forêts communaux sont des havres de paix dont chaque citoyen devrait avoir jouissance tout le long de l'année et ceci sans aucune restriction. Ces lieux qui doivent être respectés, notamment en ne jetant pas ses déchets dans la nature, doivent donc être, en tout temps, des endroits les plus sécurisés possibles. Ceci afin d'éviter toutes sortes d'accidents. Malheureusement, durant les périodes de chasse, nos bois et nos forêts ne sont plus accessibles au grand public. Ils deviennent, par l'unique volonté des chasseurs, des zones dangereuses où tout être vivant, y compris les hommes, les femmes et les enfants peuvent être blessés ou tués. Même hors de ces chasses gardées, le danger est omniprésent. Comme dans les nombreux cas où un automobiliste est blessé parfois mortellement par un chasseur qui, malgré les interdictions, tire en direction d'une route.

 

Les chasseurs privatisent un lieu public

Fort de leur puissance armée et de leurs relations au plus haut niveau, les chasseurs en appliquant tout autour du périmètre de chasse des pancartes intimidantes, privatisent de faits un lieu public. Tous ceux qui auraient l'outrecuidance de braver les interdictions de pénétrer sur ce qui est devenu leur propriété, s'exposent à être blessé voire à être tué. Les zones de chasse deviennent des lieux où chaque citoyen n'est plus en sécurité. Que ce soit lors d'une chasse en battue ou une chasse à l'affût, de nombreux accidents s'y produisent chaque année.

 

Les randonneurs sont les principales victimes des chasseurs

Selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), entre 1999 et 2019, ce sont 410 personnes qui ont été victimes d'un accident de chasse mortel en France. Durant la même période, 2 792 incidents de chasse ont été recensés. En 2021, ce sont 80 accidents de chasse qui ont été déclarés aux autorités françaises dont 7 étaient mortels. Voici 6 drames qui ont été largement médiatisés et qui ont ému le grand public.

 

• Le 13 octobre 2018, un vététiste britannique de 34 ans est mortellement touché par un chasseur lors de son parcours dans la commune de Montriond dans le département de Haute-Savoie.

• Le 2 décembre 2020, un jeune homme de 25 ans, Morgan Keane est abattu devant sa maison située à Calvignac dans le département du Lot.

• Le 31 juillet 2021, lors d'une journée de chasse, une automobiliste de 22 ans a été blessée par un tir d'un chasseur de 61 ans. Celui-ci, avait délibérément tiré en direction de la D 210 à Salins en Seine-et-Marne. Encore aujourd'hui, la jeune femme garde de graves séquelles. Le 28 novembre 2022, le tribunal de Fontainebleau a condamné le chasseur à une peine de 12 mois de prison avec sursis.

 

• Le 19 février 2022, une randonneuse de 25 ans a été tuée par un chasseur dans la commune d'Aurillac dans le département du Cantal.

• Le 25 septembre 2022, Laurent Boyer, âgé de 58 ans, a été mortellement touché par balle. Les faits se sont déroulés dans le massif du Luberon à Lacoste dans le département du Vaucluse.

• Le 9 octobre 2022 ; ce sont deux accidents de chasse qui ont eu lieu en France. Le premier a eu lieu dans le département de la Drôme où un cueilleur de champignons a été pris pour un sanglier. La malheureuse victime a pris une balle dans l'abdomen. Le deuxième fait s'est déroulé dans le Rhône où une mère de famille et ses deux enfants, qui se promenait sur une route le long des vignes, ont reçu une décharge de plomb dans les jambes. Le chasseur âgé de 81 ans a déclaré aux gendarmes qu'il avait tiré en direction d'un lièvre et que sa balle avait ricoché dns l'herbe.

 

Sans oublier, la mort d'Elisa Pilarski le 16 novembre 2019 en pleine forêt de Retz dans le département de l'Aisne en France. Agée de 29 ans, la jeune femme, enceinte de six mois, se promenait avec son chien Curtis non loin de son domicile. Selon les avocats de la famille, Elisa Pilarski a été prise à partie par une meute de chiens qui avait été lâchée lors d'une chasse à courre. Mordue tout le long du corps, le cadavre avait été retrouvé par son conjoint.

 

Il y a également les menaces verbales et physiques, les insultes, les tentatives d'intimidation des chasseurs envers tous ceux qui se mettent en travers leur chemin, qui désirent simplement empêcher l'intrusion dans leur propriété ou protéger leur famille. L'histoire d'Yveline Gaufriez, dont les deux chevaux ont été égorgés dans la nuit à Meaurain, est un exemple flagrant et terrifiant. Yveline Gaufriez, suite à de nombreuses intrusions de chasseurs dans la prairie où étaient Faro et Boutchou alerta le bourgmestre de la localité. Le responsable politique, conscientisé que la situation pouvait à tout moment dégénérer, convoqua les deux groupes de chasseurs qui sévissaient lors des saisons de chasse de part et d'autres de la frontière séparant la Belgique et la France. Les hommes visés par sa plainte, qui n'aurait pas vraiment apprécié qu'une femme leur tienne tête, seraient selon Yveline Gaufriez, les coupables de ces crimes barbares.

 

Les 4 principales causes des accidents

Selon l'Office français de la biodiversité, les accidents parfois mortels qui ont lieu lors de la saison de chasse sont causés par :

 

• le non-respect de l’angle de 30° dans lequel le chasseur peut tirer,

• le tir sans identifier (reconnaître l’animal avant de le viser),

• les auto-accidents,

• les tirs en direction des routes ou des habitations.

 

Evidemment, il est passé sous silence l'alcoolisme, l'âge de certains à qui ont aurait peur de confier ses enfants, surtout s'ils ont une arme létale à portée de main.

 

A voir sur AnimalWeb : Le chasseur et la fille aux Pokémon (Vidéo)

 

La portée des balles tirées par les chasseurs

Il est important de savoir qu'en période de chasse, les balles tirées peuvent atteindre une distance de plusieurs kilomètres. En effet, ils utilisent majoritairement des armes à feu puissantes :

 

• Le fusil à canon lisse pour tuer le petit gibier,

• Le fusil à canon rayé pour tuer le gros gibier.

 

La dangerosité des cartouches tirées par ces armes à feu est théoriquement de :

 

• 1,5 km pour celles tirées par les fusils à canons lisses,

• 3 km pour celles tirées par les fusils à canons rayés.

 

Dès lors, il est évident que toutes les personnes qui se trouvent même à plusieurs kilomètres d'une zone de chasse ne sont plus en sécurité. La preuve en est, le nombre important d'automobilistes qui ont constaté que leurs véhicules avaient été frappés par une balle perdue. Ou plus grave encore, ceux qui ont été blessés ou qui ont été mortellement touchés par un chasseur. Comme cela a été le cas, de ce conducteur de 67 ans tué par une balle perdue de calibre 9,3 mm à Laillé (département d'Ille-et-Vilaine) le 30 octobre 2021.

 

7 conseils afin d'éviter un accident de chasse

Dès l'ouverture de la chasse, plus personne n'est en sécurité. Un accident peut arriver surtout si vous vous retrouverez face à un chasseur qui vous prend pour un sanglier, un gros lapin ou un chevreuil. Voyons ci-dessous comment augmenter votre facteur chance de survie à une chasse en battue ou une chasse à l'affut et ne pas finir à la morgue.

 

Dans une zone de chasse, soyez toujours parfaitement visible

 

1. Ne pas se balader

Ce premier conseil est celui que vous recommandera tout bon chasseur. Naturellement, il n'a pas envie de se retrouver au tribunal pour homicide involontaire et faire la une de l'actualité. Cela fait tache également pour les fédérations et les associations communales de chasse qui doivent une nouvelle fois se justifier, présenter des excuses pour finalement défendre ce qu'ils considèrent comme un sport, un acquis.

 

2. Consulter les sites internet de chasse

Dans le cas où vous décideriez, malgré le premier conseil, de quand même vous balader, prenez le temps de vous renseigner. Il existe sur le web, des calendriers qui indiquent les dates d'ouverture de la chasse selon votre localité ou votre département. Il peut être intéressant de les consulter afin d'avoir les informations nécessaires surtout si vous devez faire un long déplacement pour profiter d'un weekend tranquille en famille.

 

Depuis fin septembre 2023, la région Wallonne a mis en ligne une plateforme Internet ChasseOnWeb. Le site, qui sera compatible avec bon nombre d'applications de randonneur, répertorie les nombreuses zones et dates de chasse en Wallonie.

 

Information importante : ChasseOnWeb ne répertorie que les zones de chasse qui ont été signalées au DNF (Département de la nature et des forêts).

 

3. Repérer les panneaux de chasse

Généralement lors des chasses en battues ou des chasses à l'affût, des panneaux indiquant le danger sont censés baliser le territoire concerné. Ces panneaux placardés sur des troncs d'arbres ou sur du mobilier informatif vous indique les jours de chasse. Naturellement ces panneaux peuvent s'être envolés ou avoir été ôtés par quelqu'un. En cas de doute, il est donc important pour votre sécurité et celui de votre famille de vous renseigner. De plus certains chasseurs , frustrés de n'avoir pas pu assassiner du gibier, se comportent en véritable braconniers. En toute illégalité, ils continuent à chasser en dehors des dates de chasse mentionnés sur les panneaux. Dans le cas où vous seriez pris au piège dans une battue, signalez rapidement votre présence en espérant que les chiens avides de sang soient retenus par leurs maîtres. N'hésitez pas à contacter la police ou la gendarmerie afin de signaler ces faits délictueux et répréhensibles par la loi.

 

4. Choisir son lieu de balade

Grâce à la sensibilisation et à la mobilisation de la population qui est de plus en plus anti-chasse, de nombreuses communes ont décidé, malgré les pressions des fédérations de chasse, de ne plus accepter la pratique de la chasse dans les bois et forêts dont ils sont propriétaires. De plus, généralement dans les réserves naturelles nationales française, la chasse y est prohibée. Attention, cela ne veut pas dire automatiquement que ces pratiques d'un autre âge sont interdites au sein de domaines privées qui jouxtent les espaces publiques. Les balles perdues, malheureusement ne s'arrêtent pas à la limite de ces propriétés. Afin de pouvoir vous balader, en période de chasse, prenez soin de bien vérifier que votre itinéraire ne traverse pas ou n'est pas un lieu de chasse, ni une réserve de chasse. Si lors de votre promenade, vous entendez une ou plusieurs détonations, n'hésitez pas à quitter rapidement les lieux car une balle tirée par un chasseur peut vous blesser ou vous tuer à plus de 3 kilomètres.

 

5. Rester sur les sentiers

Dès l'ouverture de la saison de chasse, la loi interdit le tir en direction d'une route ou d'une habitation, ceci afin d'éviter au maximum les accidents de chasse. Hors de ces cas de figure, privilégiez les chemins qui sont larges et balisés. Dans le cas où il y a déjà un nombre important de randonneurs et/ou de vététistes, cela peut signifier que ce parcours n'est pas, en théorie, dans la ligne de tir des chasseurs. Evitez de vous retrouver esseulé, d'emprunter avec votre chien un champ dont les herbes sont hautes ou de prendre un étroit sentier non balisé à travers un bois ou une forêt.

 

6. Signaler votre présence

En période de chasse et ceci afin de pas être confondu avec un animal sauvage, il est vivement conseillé de porter des habits voyants. Un gilet fluo est un plus. En cas de coups de feu, n'hésitez pas à signaler, aux hommes et femmes armés, votre présence. Un sifflet ou vos cris devraient les convaincre que vous êtes un être humain.

 

7. Garder son chien en laisse

Lors d'une saison de chasse, il est vivement conseillé de garder son chien proche de vous et si possible en laisse. En effet, si votre chien gambade dans les bois ou dans un champ, ils pourraient être surpris et apeuré par les détonations produites par les fusils de chasse. En fuite, le chien pourrait devenir une cible facile de tirs des hommes et des femmes armés. Vêtir votre compagnon à quatre pattes d'un gilet fluorescent afin de signaler que votre chien n'est pas un gibier est vivement recommandé.

 

Même s'il est depuis longtemps interdit en Belgique de pratiquer la chasse à courre, en France par contre, la vénerie y est encore d'actualité. Cette tradition sauvage qui consiste à lâcher des dizaines de chiens assoiffés de sang à la poursuite d'un lapin, d'un lièvre, d'un cerf, d'un chevreuil ou d'un sanglier est un véritable danger pour les promeneurs et nos animaux domestiques.

 

En période de chasse, restez toujours sur cos gardes

Malgré ces précieux conseils, restez toujours prudents et sur vos gardes. Une balle perdue ou qui fait ricochet peut causer de nombreuses blessures parfois fatales. Comme cela a été le cas le dimanche 09 octobre 2022 dans les vignobles du Beaujolais où un chasseur a fait trois victimes : une mère et ses deux enfants âgés de 8 et 10 ans qui, en se promenant sur une route, ont été blessés par le tir d'un fusil de chasse.

 

La chasse doit être abolie

Au 21éme siècle où dans nos pays occidentaux, il y a toujours un supermarché près de chez soi, sans oublier les boutiques en ligne, il est inconcevable de tolérer encore et encore ces privations de liberté. Des interdictions de circuler dans nos forêts, dans nos bois, le long d'un champ qui sont imposées par une catégorie de personnes bien placées qui veulent à tout prix garder leurs privilèges. Ceux de traquer, de blesser, de tuer par armes à feu, par arc ou d'autres moyens barbares des animaux sans défense. Des animaux qui, en période de chasse, sont des cibles faciles qu'on attire dans un lieu précis ou qu'ont rabat afin de servir de cible.

 

Les pétitions contre la chasse

Après chaque mort d'innocent lors de la saison de la chasse, les pétitions demandant une réflexion sur ce fléau connaissent de plus en plus de succès. A cela, les sociétés de chasse redoublent d'ingéniosité marketing afin de montrer patte blanche tout en développant un argumentaire écologique. Malgré ces campagnes publicitaires farfelues qui sont diffusées à la télévision, la majorité de la population désirerait réduire les jours de chasse autorisés, aux minima l'interdiction de toute activité de la chasse le weekend et les jours fériés. Les citoyens souhaitent également un meilleur encadrement et une transparence dans l'attribution de ce permis de tuer des animaux sans défense. Des lapins, des chevreuils, des faisans, des sangliers... qui ne sont pas uniquement du simple gibier à tirer comme le considèrent les chasseurs mais des êtres vivants blessés par balles qui souffrent, qui agonisent dans leur sang.

 

En Belgique, vous pouvez agir pour une meilleure sécurité dans nos bois et forêts en signant la pétition en ligne de Stop aux dérives de la chasse.

 

En France, vous trouverez en ligne notamment la pétition contre la chasse à courre de 30 millions d'amis qui a, ce 01 octobre 2022, déjà récolté 277 608 signatures.